Apparu d’abord dans des cercles marginaux sur Reddit ou des forums masculinistes, le « looksmaxxing » s’est peu à peu diffusé auprès d’un public plus jeune et plus large, notamment sur TikTok, Instagram et YouTube. En 2025, ce terme est désormais bien connu de nombreux adolescents, surtout des garçons, qui y voient parfois une méthode pour « prendre le pouvoir sur leur vie » ou améliorer leur estime de soi. Mais derrière cette façade de développement personnel, le looksmaxxing peut devenir une porte d’entrée vers des dérives mentales, sociales et identitaires préoccupantes.

Qu’est-ce que le looksmaxxing ?

Le terme « looksmaxxing » vient de « look » (apparence) et de « maxxing » (maximiser). Il désigne l’idée d’optimiser à l’extrême son apparence physique dans le but d’augmenter sa valeur perçue, en particulier auprès des femmes. Cela inclut :

– Musculation intense
– Régimes stricts ou extrêmes
– Soins esthétiques poussés (peau, cheveux, dents, posture)
– Chirurgie esthétique (rhinoplastie, implants maxillaires, greffes capillaires, etc.)
– Techniques pseudo-scientifiques comme le « mewing » (positionnement forcé de la mâchoire)

Ces pratiques sont souvent encouragées par des influenceurs se revendiquant d’une idéologie plus large : la manosphère, où se croisent discours sur la virilité, la séduction, la compétition sociale et les rôles genrés figés.

Les dangers pour soi : physiques, mentaux, identitaires

Un impact sur le corps et la santé physique

À court terme, certaines pratiques peuvent sembler inoffensives (sport, alimentation équilibrée). Mais la logique d’extrême pousse souvent les jeunes à adopter des comportements à risque :

– Musculation compulsive et sans encadrement
– Restriction calorique sévère ou dérives vers les TCA (troubles du comportement alimentaire)
– Achat de produits dopants ou compléments non contrôlés
– Risques liés à des interventions chirurgicales non nécessaires

Une atteinte à la santé mentale

Le looksmaxxing repose sur une idéalisation constante de modèles physiques souvent inatteignables. Cela alimente :

– Une baisse de l’estime de soi (on ne se trouve jamais assez bien)
– Des troubles anxieux, obsessionnels, voire dépressifs
– Une dépendance aux validations extérieures
– Une construction de l’identité basée uniquement sur le physique

Certains jeunes développent une forme de dysmorphophobie (trouble obsessionnel de l’image corporelle), parfois associée à des pensées suicidaires.

Les dangers sur les autres : dérives sociales et sexistes

Le looksmaxxing ne s’arrête pas à l’individu : il s’inscrit souvent dans une vision du monde hiérarchique, sexiste et concurrentielle. Il véhicule l’idée que :

– La valeur d’une personne dépend uniquement de son apparence
– Les relations humaines relèvent d’un « marché » où il faut dominer ou être dominé
– Les femmes doivent être séduites, comparées ou classées selon des critères superficiels

Certains discours en ligne, en lien avec le lookmaxxing, dérivent vers des mouvements plus radicaux (black pill, red pill) qui banalisent la haine envers les femmes, la culture du viol ou l’humiliation sociale.

Cela peut entraîner des comportements violents en ligne (harcèlement, incels), une rupture du lien social, et une perte d’empathie chez des adolescents vulnérables.

Comment accompagner un jeune influencé par le looksmaxxing ?

Repérer les signaux faibles

– Obsession soudaine pour l’apparence, la musculation ou le style
– Changements alimentaires extrêmes
– Repli sur soi, rejet de l’école ou du groupe social
– Discours misogynes, méprisants ou cyniques sur les relations humaines
– Fréquentation de forums ou chaînes aux contenus radicaux

Que faire ?

Ne pas se moquer, ni confronter brutalement : le looksmaxxing s’installe souvent sur un mal-être. Il faut rester dans l’écoute et le dialogue.
Explorer les motivations profondes : peur du rejet, recherche de reconnaissance, perte de confiance…
Proposer des figures alternatives : valoriser les talents, la créativité, les liens d’amitié, les modèles positifs masculins (non centrés sur le physique)
Faire appel à des professionnels si le trouble de l’image ou les idées noires s’installent (psychologue, infirmier scolaire, éducateur, etc.)

Un atelier pour les établissements scolaires

Nous proposons un atelier de prévention dédié au looksmaxxing et aux dérives de la manosphère, conçu pour les collèges et lycées. L’objectif est de :

– Expliquer avec des mots simples et des exemples concrets les mécanismes du looksmaxxing
– Ouvrir un espace de discussion autour de l’image de soi, des pressions sociales et du rapport au corps
– Déconstruire les stéréotypes genrés véhiculés en ligne
– Proposer des alternatives positives à la construction de l’identité chez les garçons

L’atelier est animé par un intervenant formé en éducation numérique, psychologie de l’adolescence et culture web. Il peut s’intégrer à une semaine santé, une journée citoyenne ou un programme de vie scolaire.

Contactez-nous pour organiser une session dans votre établissement ou structure jeunesse.

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