Internet est un pilier fondamental de notre vie quotidienne. Il est difficile d’imaginer une journée sans consulter un réseau social, une application mobile ou un moteur de recherche. Pourtant, une étude menée récemment par le British Standards Institution (BSI) vient ébranler cette certitude : près de 50 % des jeunes âgés de 16 à 21 ans affirment qu’ils préféreraient vivre dans un monde sans Internet. Cette statistique interpelle. Pourquoi cette génération, souvent perçue comme « née avec un smartphone dans la main », exprime-t-elle un tel rejet ? Cette contradiction apparente révèle un malaise plus profond et soulève des questions cruciales sur notre rapport au numérique.

Un rejet révélateur d’un mal-être numérique généralisé

Le numérique s’est imposé comme un outil omniprésent : scolarité, loisirs, relations sociales, consommation, informations… Les jeunes générations sont les premières concernées par cette mutation. Pourtant, le confort apporté par cette connectivité permanente semble avoir un revers de médaille de plus en plus visible.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon le rapport du BSI, 70 % des jeunes interrogés déclarent se sentir moins bien dans leur peau après avoir utilisé les réseaux sociaux. Ce sentiment d’infériorité permanente, alimenté par la comparaison sociale et la mise en scène constante de vies idéalisées, a des conséquences directes sur la santé mentale. Par ailleurs, 68 % des répondants estiment que leur bien-être psychologique a été affecté négativement par une surexposition au numérique, en particulier pendant la pandémie. Le lien entre surconsommation d’écrans et troubles anxieux ou dépressifs est aujourd’hui établi par de nombreuses recherches.

Face à cette réalité, le fantasme d’un monde sans Internet n’est pas un rejet technophobe, mais l’expression d’un besoin de rupture, de reconquête de l’attention, de temps et de relations humaines réelles.

Une hyperconnexion pesante et envahissante

L’hyperconnexion, perçue comme une norme, devient progressivement un poids. Loin d’être un outil au service des utilisateurs, Internet s’est transformé en environnement de sollicitation constante. Notifications, likes, messages, vidéos courtes, informations en boucle… L’attention est constamment fragmentée, empêchant toute forme de concentration profonde ou de repos mental.

Cette sollicitation permanente contribue à l’épuisement cognitif. Les jeunes, qui n’ont pas toujours les outils pour prendre du recul, s’y trouvent particulièrement vulnérables. La logique algorithmique des réseaux sociaux entretient une dépendance souvent inconsciente. De nombreux adolescents avouent ne pas réussir à passer une heure sans consulter leur téléphone. Certains ont même recours à des comptes secondaires pour échapper au regard de leurs proches ou dissimuler certains comportements.

Dans ce contexte, le désir de déconnexion prend la forme d’un besoin vital. Il ne s’agit pas de rejeter Internet en bloc, mais de retrouver un équilibre dans son usage. Une prise de conscience commence à émerger : pour que le numérique reste un outil, il doit cesser d’être une emprise.

Des initiatives concrètes pour accompagner le changement

Face à ce constat préoccupant, des acteurs engagés se mobilisent pour proposer des solutions concrètes et accessibles. En France, notre plateforme, prevention-internet.fr s’impose comme une ressource de référence en matière de prévention des risques numériques.

L’objectif est clair : sensibiliser sans culpabiliser, éduquer sans diaboliser. Nous proposons des ateliers dans les établissements scolaires, des conférences, un podcast pédagogique, ainsi qu’une assistance.

Cette approche globale permet d’ancrer la prévention dans le quotidien des jeunes, en les aidant à mieux comprendre les mécanismes numériques, à identifier les dangers, et à retrouver un rapport sain à Internet. En s’adressant directement aux jeunes et à leur entourage, nous agissons comme un véritable médiateur numérique.

Vers une sobriété numérique raisonnée

L’envie d’un monde sans Internet ne traduit pas nécessairement un rejet de la technologie. Elle traduit un besoin de sens, de ralentissement, d’ancrage. Internet, s’il est utilisé avec mesure, reste un levier formidable d’apprentissage, de création et de connexion humaine. Mais pour cela, il doit être pensé autrement : non plus comme un réflexe ou une fuite, mais comme un outil que l’on choisit d’utiliser à bon escient.

Cette démarche s’inscrit dans ce que certains appellent la « sobriété numérique ». Il ne s’agit pas de diaboliser les technologies, mais d’en rationaliser les usages. Choisir des moments sans écran, limiter les notifications, se fixer des plages de déconnexion, encourager la lecture longue, développer l’esprit critique : autant de gestes simples qui peuvent transformer notre relation au numérique.

Plusieurs mouvements émergent autour de cette idée : les journées sans téléphone, les “digital detox”, le retour aux téléphones dits « muets » (sans accès à Internet), ou encore l’intégration de cours d’éducation numérique dans les programmes scolaires.

Restaurer un rapport sain au numérique

Le fait que près de la moitié des jeunes préfèrent un monde sans Internet doit être entendu comme un signal d’alarme. Cela ne signifie pas que la jeunesse renonce au progrès technologique, mais qu’elle aspire à un autre modèle, plus équilibré, plus humain, plus respectueux des rythmes naturels. Cette prise de conscience est une opportunité à saisir pour repenser notre rapport aux écrans, à la connectivité et à la vie en ligne.

Il appartient aux éducateurs, aux parents, aux institutions et aux entreprises de répondre à ce besoin de régulation et d’accompagnement. La technologie ne peut pas se substituer à l’éducation, ni à la réflexion sur les usages. Il est essentiel de développer une culture numérique critique, capable de distinguer les bénéfices des excès.

Si vous êtes parent, enseignant, responsable d’un établissement ou d’une structure éducative, engagez-vous dès aujourd’hui dans une démarche de prévention numérique. Explorez nos ressources, organisez des temps de sensibilisation, ouvrez la discussion avec les jeunes. Ce n’est qu’en écoutant leurs ressentis, parfois douloureux, que nous pourrons construire un usage du numérique plus responsable, plus conscient, et surtout, plus libérateur.

Inscrivez-vous à notre newsletter