L’arnaque au faux conseiller bancaire a pris une ampleur spectaculaire en 2025. Les victimes, souvent contactées par un appel soi-disant venu de leur banque, sont persuadées de parler à un professionnel. Numéro affiché conforme, ton rassurant, connaissances personnelles : tout est conçu pour piéger même les plus prudents. Alors que les pertes se chiffrent en millions d’euros, une question s’impose : que font les banques et les opérateurs téléphoniques pour empêcher ces escroqueries ?

Une prise de conscience tardive mais réelle

Jusqu’à 2023, peu d’établissements financiers avaient pris la mesure de l’ampleur du problème. Mais face à la recrudescence des plaintes et à la pression médiatique, les grandes banques françaises ont dû réagir. Aujourd’hui, la majorité des banques proposent :

  • Des campagnes de sensibilisation sur leurs sites et dans leurs agences.
  • Des messages d’avertissement personnalisés dans les apps mobiles.
  • L’envoi d’alertes de sécurité via SMS ou notification push.

Certaines, comme la BNP Paribas, la Caisse d’Épargne ou le Crédit Agricole, ont mis en place des simulateurs d’arnaque et des pages de détection pour aider les clients à reconnaître les tentatives de fraude.

Des limites techniques encore fragiles

Mais ces mesures dépendent encore largement de la vigilance du client. Sur le plan technique, les banques sont confrontées à une difficulté majeure : les appels frauduleux utilisent le spoofing, une technique qui permet d’afficher n’importe quel numéro de téléphone sur l’écran de la victime, y compris le véritable numéro d’une agence bancaire.

Malgré les alertes de la CNIL et de l’ANSSI, il n’existe pas encore en France de vérification systématique d’identité des appels entrants, comme le protocole STIR/SHAKEN déployé aux États-Unis. Cela laisse un vide technologique que les escrocs exploitent.

Les opérateurs télécoms : un rôle encore flou

Orange, Bouygues, Free et SFR ont tous déclaré coopérer avec les autorités pour bloquer les numéros frauduleux. Des systèmes d’analyse comportementale permettent d’identifier des campagnes suspectes d’appels de masse.

Mais la réactivité reste très variable. Les faux numéros changent souvent, proviennent de l’étranger ou utilisent des passerelles VoIP difficiles à tracer. En 2025, les opérateurs sont encore dans une logique de réaction plus que de prévention.

Certains avancent toutefois sur des pistes prometteuses :

  • Marquage des appels vérifiés (expérimentation en cours sur Android).
  • Blocage automatique des appels jugés très suspects.
  • Collaboration avec la DGCCRF et Cybermalveillance.gouv.fr pour du signalement en temps réel.

Des efforts, mais des clients encore seuls

Malgré les campagnes de communication et les dispositifs d’alerte, les victimes d’arnaques se sentent souvent abandonnées. De nombreuses banques refusent de rembourser les pertes lorsqu’elles considèrent que le client a validé l’opération lui-même, même sous influence.

Cette approche punitive pousse de plus en plus d’associations de consommateurs à réclamer un changement de doctrine, inspiré du modèle britannique, où certaines banques remboursent même en cas d’erreur du client, sous condition de bonne foi.

Vers quelle protection demain ?

Les experts s’accordent : la solution passera par une combinaison de technologies anti-spoofing, d’éducation du public, et d’une réponse juridique plus adaptée. Les banques devront assumer un rôle actif, non seulement dans la sécurisation technique des comptes, mais aussi dans l’accompagnement humain de leurs clients.

En attendant, la meilleure défense reste la prudence : aucun conseiller légitime ne vous demandera jamais de valider une opération urgente par téléphone.

Vous êtes une collectivité, une entreprise ou un organisme social ? Contactez-nous pour organiser un atelier de prévention à destination de vos publics sur les arnaques bancaires et les réflexes numériques à adopter.

Inscrivez-vous à notre newsletter